L’intelligence d’une ville : ses citoyens


Michel Dumais: “Tic toc! disions-nous. Bientôt la centième. Et avec la cent-unième, de nouveaux défis. Ville intelligente, disiez-vous? Je subodore le traditionnel appel de pied aux trois lettres et à une logique administrative archaïque. Et si on faisait plutôt appel à l’intelligence de ceux qui connaissent le plus leur ville, ses citoyens?

Pour régler un problème (et même à l’occasion, un «pas d’problème»), les administrations regardent du côté de ces logiciels mammouth qui, sur papier, sont censés faire tout, qui engloutissent des centaines de millions de dollars, mais qui, finalement, font les manchettes des médias parce qu’il faut y injecter encore plus d’argent. Et qui permettent aux TI d’asseoir encore plus leur contrôle sur une administration.

Bref, lorsque l’on parle de ville intelligente, plusieurs y voient le pactole. Ah! Reste que ce qui était «acceptable», hier, ne l’est plus aujourd’hui. Et que la réalisation d’une ville intelligente n’est surtout pas un défi technologique, loin de là.

LA QUESTION DU SANS-FIL
Il y a des années de cela, la simple logique eut voulu que la Ville cesse de penser «big telcos» afin de conclure rapidement une alliance avec l’organisme communautaire «Île sans fil» et ainsi favoriser le déploiement rapide sur l’île de la technologie sans fil.

Une telle alliance, un modèle dans le genre, existe.

Mais pas à Montréal. Plutôt à Québec, alors que la Ville et l’organisme communautaire «Zap Québec» travaillent main dans la main pour le plus grand bénéfice des citoyens de Québec et des touristes. Et à Montréal? On jase, on jase.

Donc, une ville intelligente. C’est une ville qui sait, à l’aide des technologies, comment harnacher ses infrastructures et les mettre au service de ses citoyens tout en réalisant des économies et en favorisant le développement durable.

C’est aussi une ville qui sait écouter et mobiliser ses citoyens, ses militants et ses entrepreneurs, tout en leur donnant des outils (comme des données utilisables) afin qu’ils puissent eux aussi créer des services destinés à leur organisation et à tous les citoyens de la ville. Sans compter que tous ces outils facilitent la prise de décisions chez les maires d’arrondissement et le comité exécutif.

Bref, une ville intelligente selon le professeur Rudolf Giffinger, c’est ça: «une économie intelligente, une mobilité intelligente, un environnement intelligent, des habitants intelligents, un mode de vie intelligent et, enfin, une administration intelligente».

J’invite le lecteur à regarder LifeApps, une extraordinaire série télé diffusée sur le site de la chaîne AlJazeera. Le sujet: des jeunes et de moins jeunes militants, bidouilleurs, qui s’impliquent et créent des services pour leur communauté.”